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"Le corps en spectacle"

Mercredi 18 novembre

TEASERS

Josette Féral, "Le corps mis à mal sur la scène contemporaine."

Héritage certain de la performance, le corps se trouve aujourd’hui régulièrement mis à mal sur la scène contemporaine. Surexposé, malmené, il émerge dans toutes ses vulnérabilités  (vieillesse, maladie, blessure, souffrance, mort…) et dévoile une multiplicité de physionomies inhabituelles (corps handicapé, obèse, anorexique, transgenre…) qui bouscule le spectateur. Ayant perdu sonstatut idéalisé de support à la fiction, affirmant prioritairement sa réalité de chair et d’os, de fluides aussi, il s’expose désormais sans complexe et dans tous ses états. Il  convie le spectateur à une expérience limite, voire des limites, une expérience de nature kinesthésique ou sensorielle oscillant entre fascination et malaise profond face à l’exposition de tant de corporalité. 
C’est cette évolution ou  mutation de la représentation du corps en scène que nous aimerions évoquer en nous fondant sur quelques exemples.

 

Sylvie Roques -"D’un corps dit et proféré à un corps sans mots"

De manière classique, la matérialité du théâtre est généralement appréciée  à travers le langage (phoné). C’est sur sa valeur de signe que portent généralement les études théâtrales, sur ses ressources d’évocation, son rôle dans le drame ou le récit. Le « langage » théâtral, pourtant, est d’avantage. Il est déjà, à travers la parole et sa déclamation, matérialité, puissance évocatrice, réalité de chair. Il est aussi puissance de corps et d’expression hors langage. Il existe puissamment sans les mots. Ce sont ces deux champs apparemment distincts que nous voulons confronter dans notre réflexion.

Alberte Alonso, Atelier de jeu, "L'utopie du corps en jeu" :
Est-ce qu’il n’y aurait pas quelque évidence physique dans l’attitude et les agissements des joueurs qui nous permettrait de percevoir si ça joue ou pas ? Trouvons cette évidence pour démasquer les acteurs, trop habitués à maitriser la reproduction de leur partition pour faire en sorte que nous ne voyons pas que ça ne joue pas. Je propose un manifeste pour l’acteur-joueur, capable de jouer véritablement sur scène, comme on peut jouer aux cartes ou au basket ; un acteur-joueur toujours capable de nous entraîner avec lui vers l’expérience, pleine de son vrai sens, du spectacle vivant.

Marie-Pierre Cattino, Atelier d'écriture,

" Un corps en mouvement dans le corps du comédien, étranger à la douleur" 

Une écriture, une empreinte à la vie. Les mots qu’utilise l’auteur afin d’exploiter 

le contenant de ce qu’il veut faire passer, ouvrent des possibles. Ce sont des mots qui montrent un chemin au comédien, qui donnent déjà à voir quelque chose. 

Partir de l’évidence qu’est l’écriture c’est énoncer un projet, qu’il soit textuel ou non. 

Cerner son projet, c’est mettre un lieu, un sujet avec une forme en branle.

Emeline Jouve et Stéphane Boitel - "Le corps du spectateur : Discours sur le pouvoir"
Sans spectateur, pas de spectacle. D’abord une abstraction à qui les artistes adressent leur création en puissance, la présence public dans sa pleine corporalité conditionne ensuite, lors de la représentation, l’existence même du spectaculaire. Positionner le spectateur dans un théâtre, dans une rue, face à l’espace scénique ou en son sein, c’est aussi le positionner face à ses responsabilités de simple observateur ou de participant. Le corps du spectateur est le reflet – voire le réceptacle – d’un discours sur le pouvoir. Au cours de l’histoire, le théâtre s’est construit (et déconstruit) vis-à-vis de son public et du rapport qu’il entretient avec lui. Quel est la place du corps du spectateur dans le théâtre contemporain ?

Ester Fuoco - "Le corps mutant. Les différentes formes du corps performatif "

Durant les vingt dernières années le spectateur a assisté à une transfiguration

constante des formes spectaculaires. La relation entre image, sujet, technologie et

support a été révolutionnée et l'idée de mapping comme revêtement fait de lumière et d’images programmées s’applique à présent aux corps et aux visages humains comme une second peau, artificielle mais dynamique et flexible, engendrée sur mesure. La technologie permet d’utiliser le corps des performer en le faisant apparaître comme un récipient vide, une surface, un canal de communication et d’énergie, une interface. L'identité du corps de l'artiste est manipulée, ses limites physiques sont dépassées en mettant en crise l'idée d'identité et de genre sexuel, de présence et d’absence.

Noémie Lorentz - "Au corps des choses –

Les théâtres de marionnettes contemporains occidentaux." 

La quasi généralisation de la manipulation à vue sur les scènes des théâtres de marionnettes 

contemporains a démultiplié les niveaux de fables : les marionnettistes sont visibles et leur présence, loin d’être neutre, participe pleinement de la représentation. Obligeant le spectateur à envisager les deux entités d’un seul regard, la co-présence en scène du corps du marionnettiste et de l’objet-marionnette proposerait une redéfinition de la corporéité en uncorps de scène unique mais composite, un « corps marionnettique », qui se présenterait comme multiplié ou hybride voire comme monstrueux. Corps augmenté, corps-étranger, corps-objet, corps mutant, corps mécanique, double sens de « manipulation » : autant de questions que soulèvent les théâtres de marionnettes, comme en écho à un monde où le corps est construction, où la frontière – réelle et symbolique – entre humain et non-humain se brouille.

Arianna Bérénice De Sanctis -

"L'Odin Teatret au Pérou (1978) : La révolte par le corps scénique"

En 1978 l'Odin Teatret est invité à Ayacucho (Pérou) pour participer au

Taller Latinoamericano organisé par Cuatrotablas. Cette ville andine vivait à

l'époque une situation socio-politique assez précaire et manifestait les premiers

signaux de la guerre civile qui avait éclaté entre le Sentier Lumineux et l'armée

péruvienne, et qui durera vingt ans. Aucune manifestation publique n'est autorisée,

l'état d'émergence est instauré, le couvre-feu proclamé, les activités du Taller

restreintes aux seuls participants. Cependant, l'Odin ne renonce pas à son action

dans la rue et, en contournant les interdictions, il interagit avec les citoyens d'Ayacucho, tout en jouant avec l'immunité conférée par son statut d'« étranger ».

Daniel Evans - "Le corps performatif : comment la relation entre contexte, signes et interprétation idéologique façonne-t-elle la politique des corps au quotidien?"

Au cours de cette intervention, je souhaiterais observer le corps comme signe performatif au quotidien: un corps englobé dans une histoire, une culture, une langue. Il s'agit d'explorer la manière dont le corps est reconnu et nommé et, point essentiel, la façon dont il produit de la relation. Toute idéologie peut potentiellement influer sur ce processus afin de formater les corps à l'envi.  En prenant en compte le débat actuel autour des corps désirables et indésirables présents  au sein d'un espace donné - l'Etat Nation - je propose de mettre en lumière l'existence d'un corps performatif; phénomène social qui se cache derrière le simple acte, souvent inconscient , de nommer le corps de l'autre.

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